Une Vie Parallèle(s) est une fresque sur l’underground français, s’appuyant sur des personnalités fortes, à l’aura romanesque. Nos héros sont des libraires. La librairie Parallèles en est le centre

Plus encore qu’un film, un manifeste pour une vie à rebours de la course à la vélocité et à l’injonction du résultat. Une vie Parallèle(s)

Pourquoi ce film est nécessaire ?

Il y a eu quelques livres, mais aucun film sur la presse dite parallèle, encore moins sur la librairie du même nom. Pourtant en près d’un demi-siècle, la librairie Parallèles est devenue emblématique de l‘underground français et un antidote à un Paris gentrifié et muséifié.

Faire ce film est un acte politique au sens étymologique du terme : parler des affaires de la Cité, d’un mini-monde où des microsociétés continuent à se mélanger, autrement, discrètement, sûrement et activement.

Aider ce film indépendant à voir le jour, c’est tordre le cou aux idées reçues : la France n’est pas que le pays de la gastronomie et de la mode, c’est aussi le pays d’une pensée critique, toujours en mouvement. En parallèle des yéyés, nous avons eu tout un pan de musique underground –qui constituera une partie de la B.O du film. En parallèle de la Free Press* (*cf Glossaire à venir), anglo-saxonne innovante et de la presse classique, nous avons eu une presse parallèle dont Actuel est la face la plus connue, mais avez-vous déjà ouvert un Parapluie?

Croyez-vous Tout connaître ?

Une Vie Parallèles est là pour vous aider à remonter le temps de façon vivifiante, des 70’s à maintenant, recréer une cartographie parisienne riche en lieux alternatifs, premiers fiefs punk, diffuseurs pionniers des BD américaines. Ces lieux sont une façon différente et inédite d’habiter la ville, de créer des passerelles entre des personnes, des endroits et de dynamiser - voire dynamiter - l’espace. Ce n’est pas un hasard si la Librairie Parallèles, les disquaires Open Market ou Harry Cover ont éclos dans le 1er arrondissement, en plein Trou des Halles*, béance au cœur de la ville, vouée à la démolition .

Résumé

Depuis 1972, la librairie Parallèles a vu passer plusieurs générations de têtes chercheuses. Elle prend racine dans mai 68 et a semé de bons grains, encore fertiles aujourd’hui.

À travers son histoire et les témoignages de ceux qui l’ont fréquentée, ce documentaire explore "une fabrique" de la contre-culture française, des années 70 à l'arrivée d’internet. Ou comment mener une vie Parallèles et relayer une pensée et une esthétique autre que le courant dominant ?

Sous la houlette de ses fondateurs, Daniel et Françoise Droulers, la librairie devient en plein cœur de Paris, le rendez-vous obligé de tous les jeunes, libertaires, beatniks et autres empêcheurs de penser en rond. Un grand nombre de musiciens, journalistes, écrivains ont fréquenté Parallèles, voire s’y sont rencontrés ou ont fondé leurs groupes via les petites annonces affichées sur ses murs.

Raconter l‘histoire de Parallèles, c’est condenser près de 50 ans de contre-culture française.

Parallèles est un refuge contre la course à l’efficacité, un antre où le flâneur vient s’alimenter en idées et en échanges.

Genèse du projet

J’ai eu la chance de fréquenter certains lieux dirigés par des passionnés, comme Parallèles ou Un Regard Moderne. J’y pénétrais, le cœur battant, consciente d’entrer dans un mini Graal indispensable où des informations rares circulaient. Un quart de siècle plus tard, mon documentaire Ex-TAZ Citizen Ca$h (www.ex-taz.com) sort en salles, en 2016, au cinéma le Saint André des Arts, à l’angle de la librairie culte Un Regard Moderne. J’y dépose des flyers, annonçant la sortie de mon film, puis une affiche, un DVD. La proximité de la salle me permet de revoir régulièrement le maître de céans, Jacques Noël. Je distribue également des flyers à la librairie Parallèles et suis émue de retrouver des vendeurs croisés il y a deux décennies. Et je sens qu’il y a urgence à soutenir ces lieux car nos vies sont fragiles et ces librairies menacées. Daniel Droulers, le créateur de Parallèles a disparu en 2015, Jacques, le librairie d’Un Regard Moderne, fin 2016. Un libraire de Publico vient d’être agressé au sein-même de sa librairie. Les baux sont précaires, ces lieux aussi. Un documentaire s’impose, en hommage et en soutien à ces passeurs et, surtout, à leurs librairies, véritables alternatives au formatage. Qui dit passeur, dit filiation. Elle existe aussi au sein des mouvements : les punk étant en quelque sorte les héritiers du situationnisme*(cf Glossaire à venir), la démarche anti impérialiste de la jeune Quilombo rejoignant l’anticolonialisme de l’historique libraire de François Maspero, la Joie de Lire, les hippies étant les précurseurs du mouvement écologique actuel…Un travail de transmission par les générations et aussi grâce aux archives qui seront très présentes dans les film : Free press, fanzines, K7…

Mariel Primois, veuve de Jean-François Bizot et auteure avec lui de divers ouvrages, compilant des articles du journal Actuel, nous donne exceptionnellement accès aux archives d'Actuel.

Une Vie Parallèle(s) sera constitué en majorité d’entretiens –la plupart effectués chez Parallèles, d’images archives, de circulations des personnages dans les librairies, dans la ville, jusqu’à ce que tous se retrouvent réunis…

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Librairie Parallèles (et son annexe : la librairie Alternative, devenue Gilda)

Les fondateurs de Parallèles, Daniel & Françoise Droulers. Ils se sont rencontrés sur les barricades de mai 68, ont fondé Parallèles en mai 72 et ne se sont plus quittés jusqu’au décès de Daniel en 2015. Nous avons le témoignage unique de Françoise sur les dix premières années de la librairie.

Philippe Thieyre a été librairie chez Parallèles de 1980 à 2005. Journaliste pour Rock & Folk, animateur sur France-Inter, auteur de nombreux ouvrages sur la musique, et notamment d’un livre de référence sur le psychédélisme.

Gilles Poussin-Gardot, libraire dans les années 90 chez Gilda, annexe de Parallèles. Il y a écrit et distribué sa revue Ogoun, et co-auteur d’un livre sur Métal Hurlant, ex bassiste de groupes (dont les Soucoupes Violentes…).

En près d’un demi-siècle, nombreux se sont succédés : Georges Lebel, Jean-Claude Charles,Bud, Jacques Gros, Patrice Cresta, Stéphane Bahar….

D’autres librairies contre-culturelles, proches de l’esprit Parallèle(s)

La librairie Publico a ouvert en 1959 dans le 11ème, qui deviendra le fief de toutes les librairies alternatives .Elle propose des livres, brochures et textes sur l’anarchisme, l’antimilitarisme, le féminisme, les revolutions… sur fond de Radio Libertaire dont Publico est le siège.

Ferid a fondé Thé Troc en 1982. Féru de BD underground, de musique rock, d’artisanat et d’antiquités, il a tenu le pari de réunir toutes ses passions sous le même toit. C’est lui qui a édité la BD culte des Freak Brothers en France, si chère à la revue Actuel.

Jean-Pierre Faur a ouvert en 1992, Un Regard Moderne. Des milliers d’artistes et curieux internationaux, sont venus fouiller parmi le magma de livres et fanzines rares. La disparition de son libraire, Jacques Noël, en 2016 a provoqué un vif émoi. Mais joie : le lieu a réouvert deux mois plus tard grâce à Jean-Pierre Faur, qui est également éditeur et spécialiste de l’histoire des éditions contre-culturelles.

En 2009, à l’âge de 20 ans, Jacques Baujard rejoint Quilombo, librairie associative, créée en 2002, enclave de résistance dans le paysage littéraire. Elle héberge également dans ses locaux Crash Disques, le label de Marsu, ainsi qu’une salle de débats et concerts. Un lieu auto-géré, précaire comme toutes les librairies, “encore plus car spécialisée en terme de critique sociale” dixit Baujard.

Trois guides essentiels pour plonger dans l’histoire de la contre-cuture :

Philip Bone, co-rédacteur du Catalogue des Ressources, best-seller de Parallèles. Il a fréquenté le swinging London, puis a importé la Free Press en France dès 1967 ; c’est ainsi qu’il a connu les Droulers, fondateurs de Parallèles. Une vie consacrée à l’underground, qu’il soit DJ au Gibus, précurseur d’Internet…

Christophe Bourseiller, écrivain, acteur, animateur radio, a rédigé plus de 40 ouvrages sur les situationnistes et la contre-culture, expression de sa passion pour les marges. Depuis ses 10 ans, c’est un habitué de Parallèles et de tous les lieux sortant des sentiers culturels battus. Outre son témoignage, on le suivra sur les traces de librairies, historiques, disparues ou encore en activité.

Marsu, ex- manager des groupes de rock alternatif, les Béruriers Noirs et Lucrate Milk, il fut à la tête des labels Bondage et Oulala. Son label actuel, Crash Disques, a ses locaux dans la librairie engagée Quilombo. Il a vendu ses disques chez Parallèles. Il sera notre guide dans les librairies actuelles, plus portées critique sociale que contre-culture.

Via Parallèles, nous voyagerons -surtout- dans trois époques :

• la période 70S- Freaks, free press avec des témoins comme :

Gérard Aimé, co-rédacteur avec Bone et Patrice Aoust de l’ouvrage de référence de Parallèlles, le Catalogue des Ressources et à la tête des Editions Alternatives.

Patrice Van Eersel, un des piliers d’Actuel, auteur de nombreux essais, il a également été librairie chez Parallèles.

Fox, du groupe Crium Delirium, sur la route depuis 1967. Tout, Le Pop, le Parapluie et autres journaux parallèles se sont rédigés dans son atelier.

Henri-Jean Enu, à l’origine d’une des plus belles réussites de la Free Press française, Parapluie, et du groupe Fille qui Mousse.

• la période 80s-rock alternatif avec :

Kim Ohio Fuzz des Witches Valley, Mad River. Elle a rencontré les membres de ses groupes via des petites annonces sur les murs de Parallèles

Jean Rouzaud, journaliste à Actuel, puis Radio Nova et ex-Bazooka, auteur de plusieurs ouvrages dont Contre-Cultures... Il est un habitué de chez Parallèles, Thé Troc et Un Regard Moderne

• survol des 90s avec

Virginie Despentes a beaucoup écumé Parallèles. Son Vernon Subutex est un avatar du patron du disquaire culte, New Rose.

Daniel Paris-Clavel a créé sa propre revue de pop culture en 1991, à 17 ans ! Chéribibi existe toujours, diffusée chez Parallèles et dans nombreux lieux alternatifs français que Daniel connaît bien puisqu'il a été distributeur indépendant.

Lola Lafon distribuait chez Parallèles les fanzines féministes où elle écrivait, avant de devenir une auteure renommée.

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La librairie Parallèles sera au centre d’une cartographie animée et récurrente qui nous permettra tout au long du film, de visualiser les passerelles entre les gens et les lieux. En écho au guide psycho-géographique de l’Internationale situationniste*.voir Glossaire à venir...

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